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Une partie de pêche au delta de l’Ebre

Depuis 10 ans que je pêche au delta de l’Ebre, rien ne pouvait me laisser penser que ce matin de juin j’allais vivre le combat le plus dur que j’ai eu à livrer avec un poisson. Avec mes amis rugbymen de Narbonne, nous avons bivouaqué sur la langue de sable à l’embouchure. Je disposais de 4 jours pour essayer de leur faire passer un bon séjour de peche en mer, je leur avais tellement raconté ces scènes de pêche mémorables que j’avais à cœur de tout faire pour leur faire prendre du poisson. Malheureusement, le mauvais temps allait en décider autrement. Une mer démontée. Durant 3 jours nos parties de surf allaient être très difficiles. Par miracle, on pêchera un tassergal de 7 kilos et un loup de 2kilos (avec du câble et du 8/0 SVP).

Des conditions météos compliquées au delta de l’Ebre

On perdra également une canne à pêche avec un saltiga à la mer (5 minutes d’inattention et terminé) et on essayera au leurre dans le “calme” du delta de l’Ebre mais sans succès. Malgré tout ça on rigole bien et on se chambre comme des “gosses”, un dernier pote nous rejoint avec du “matos” (huîtres, bulots, moules, grands crus, grillades). Ca nous fait patienter, espérant que le temps se calme. En vain. Avec Thibault, on décide de faire une “blague” à Christian ; je lui dis que je vais faire un peu de leurres dans les vagues pour toucher du loup à 50m du camp. Profitant qu’il ait le dos tourné Thibault viens avec le “2kg” pris en surf me l’accroche au “rap” et je simule la touche et la mise au sec.

Et ce 7 fois de suite, il n’y voit que du feu et devient fou ; on pleure de rire et on lui avoue la supercherie. La vengeance est terrible. Il remplit nos tentes de mulets décomposés rejetés par la mer. C’est une puanteur… justice est faite. Bref, ils décident de partir et je vais finir mes vacances seul. Direction la plage de l’eucalyptus. Je me couche tôt. Réveil à 5h du mat, par miracle la mer s’est posée. Je cale 2 cannes en surf au mulet et je me fais “attaquer” par les tassergals. Un régal ! Au lever du jour je me régale au popper du bord, le poisson est à 50 mètres.

Une pêche miraculeuse au delta de l’Εbre

A 7 heures une touche de “fou” me plie ma “jet sport hpa”, je jette ma canne à leurre et court avant que l’autre ne parte à la mer. Mon moulinet se vide et je reste impuissant. Je suis en tresse fireline 20/100 et il ne me reste plus que quelques mètres. Je tente le tout pour le tout et décide de bloquer violement le poisson avec un ferrage désespéré. Miracle il part cette fois ci à vive allure sur la droite.

C’est très lourd et très puissant, je penses alors à une grosse sériole (un ami en a déjà prit une de 25 kg à cet endroit). Les heures passent et je fais des kilomètres. Le poisson reste a 150 m et je n’arrive pas à lui faire passer le banc de sable, il ne cesse de faire un va et vient. 200m à droite puis 200m à gauche. Je suis brisé mais ne veux pas abandonner. Une cinquantaine de curieux me suivent désormais et me donnent à boire et à manger. Sous la chaleur un petit malaise me fait presque capituler mais je veux “gagner”.

Ma fireline 20/100 est à la limite mais résiste. Je ne sens plus mes bras et au bout de 5 heures je recule de 100 mètres sur la plage en traînant la canne sous tension sur le sable. Le poisson vient et un pêcheur finit par le gaffer.Je m’écroule sous les applaudissements des gens qui me suivent depuis des heures. Ca me fait chaut au coeur. Résultat : une raie aigle de 60 kilos. On m’invite à manger et je passe 1 jour dans ma tente à dormir. Ce moment restera a jamais gravé dans ma mémoire.