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La pêche du Black Bass en Espagne

Depuis quelques temps nous discutons d’une pêche du black bass avec mes potes Ju et Erwan. De nous trois, je suis alors le seul à avoir une maigre expérience de ce poisson, espèce qui se plaît à bouder notre Finistère natal. Tous les trois habitués à traquer le bar, nous avons envie de nous mesurer à un nouvel adversaire. L’Espagne est une destination de pêche prisée des pêcheurs de ce carnassier. Nous allons se frotter avec une nouvelle espèce de poisson.

Quelle est la meilleure période pour pêcher le black bass ?

Généralement le mois de juillet est le début de la saison de pêche pour une grande majorité de pêcheur sur le sol français. Cette période est idéale pour pêcher le black bass. Celui ci a eu tout le temps de s’accoupler, de pondre et de protéger le nid. De plus, les juvéniles ont suffisamment grandis et peuvent s’aventurer au delà de leur territoire.

Notre fringante équipe décide plutôt de partir sur le mois de septembre, pour cette session de pêche du black bass. Tant qu’à faire de la route vers le sud, autant pousser jusqu’en Espagne, histoire de prolonger un été touchant déjà à sa fin sur nos terres bretonnes. Au programme quelques jours sur le delta de l’Ebre où je me suis déjà rendu l’année précédente. En plus des blacks bass nous pourrions y toucher loups, tassergals, liches, silures et nombre d’autres espèces.

Le delta de l’Ebre, un coin de pêche mythique de L’Espagne

En Espagne, le delta de l’Ebre est un lieu mythique pour les pêcheurs du monde entier. En effet, ces eaux riches en nutriments attirent de nombreuses espèces de poissons : Carpes, Bars, Daurades ou encore du Serrasalmus marginatus (palometas). D’autres poissons comme le silure sont également présent dans ses eaux. C’est ici que nous souhaitons poser nos cannes à pêches !!

Le delta de l’Ebre, haut lieu de pêche aux blacks bass ou aux bars

Cependant, la météo est capricieuse dans cette zone et en ce mois de septembre 2006, il pleut des trombes d’eau dans la vallée de l’Ebre. Le niveau monte et la couleur de l’eau vire à vue d’œil. Nous allons suivre l’évolution de la crue jusqu’au jour du départ. Pour le moment l’Ebre est impêchable… il faut trouver un plan de secours de toute urgence. Je passe des heures au téléphone, devant les mails et les cartes. Conseil de guerre devant un verre dans le centre de Nantes la veille du départ. Nous nous décidons pour un échauffement sur le canal de Nantes à Brest et décalons le départ de 24 h. Je vais essayer de faire prendre un ou deux black bass aux potes afin de faire route en confiance.

En attendant le soleil sur le delta de l’Ebre, arrêtons nous aux abords du canal de Nantes à Brest

Nous mettons le linder 400 à l’eau entre Nantes et Redon. Connaissant assez mal le prédateur qu’est le black bass nous décidons de ne pêcher que les postes les plus visibles et optons donc pour une prospection rapide des bordures (alternance de nénuphars, bois morts et frondaisons). Leurres souples, jigs, spinner, poissons nageurs… tout y passe mais rien n’y fait. Enfin, je pêche un joli black bass, mais celui ci se décroche et emporte avec lui mon worm vert fluo. L’après midi est loin d’être prolifique.

Nous allons connaître un regain d’activité dans la soirée sur une bordure qui ne paye vraiment pas de mine. L’occasion de toucher une dizaine de petits poissons. Ca y est Erwan et Ju ont pris leurs premiers black bass, nous pouvons aborder la semaine sans pression. De mon côté j’ai continué à décrocher magistralement tous les poissons que je touchais.

Malgré la météo maussade dans le delta de l’Ebre, nous prenons la route vers l’Espagne

Dimanche en fin de matinée nous prenons la route… les nouvelles ne sont pas bonnes sur l’Ebre. Il va falloir improviser quelques jours. Nous gagnons les Pyrénées-Orientales pour une nuit bien méritée chez Laurent, première étape du séjour. Discussions halieutiques à n’en plus finir, nous trouverons néanmoins quelques heures à attribuer au sommeil afin d’être d’attaque aux aurores. Dehors la tramontane souffle fort. L’option découverte de la côte sauvage s’annonce compliquée. Nous lui préférons le choix du trajet tranquille vers l’Espagne. En arrivant aux abords du delta, on remarque que l’Ebre c’est toujours aussi sale.

Nous optons donc pour notre plan de secours, c’est un ami qui me l’a donné avant notre départ. Il s’agit d’un étang dans les terres comptant une belle population de black bass… j’ai imprimé le plan et les photos aériennes (merci à mappy et à google earth). Nous y sommes pour l’heure du déjeuner. J’ai encore quelques notions d’espagnol et de catalan car j’arrive à commander des bières sans problème (pour ce qui est de Ju et d’Erwan c’est moins flagrant). Quand il s’agit de manger c’est une autre histoire… qui explique le nombre impressionnant de “bocadillos de jamon dolce con quezo” que nous ingurgiterons durant ces quelques jours.

La première approche de l’étang est assez hallucinante, l’eau est cristalline et trois blacks bass naviguent autour d’un herbier à 5 m de nous. Un petit tour de 10 minutes confirme la tendance. Du black bass il y en a partout, beaucoup de petits mais également quelques monstres qui se promènent un peu plus loin. Le plus hallucinant c’est qu’il n’y a aucun pêcheur sur les rives. Renseignements quant à la règlementation, il nous faut le permis pour la catalogne… une jolie jeune fille à l’office de tourisme nous indique (étrangement Ju et Erwan font mine de la comprendre) que nous devons nous les procurer dans ce que j’imagine être un bureau situé dans une sorte de délégation du ministère de la chasse et de la pêche.

Nous finissons par obtenir un plan (le truc à toujours demander dans un pays étranger). La guapa nous informe que les dits bureaux ferment à 13 h pour rouvrir à 15. Ensuite nous devrons “volver a passar a la officina de turismo para comprar ticketes de pesca (ou un truc comme ça)”. Pas de stress, nous sommes en vacances, le temps d’aller boire una o dos cervezas et nous irons acheter les permis.

Une licence de pêche obligatoire pour pêcher le black bass dans ses eaux

Il est 15h50 quand nous nous retrouvons devant un bureau. On nous indique que la journée est terminée pour la personne qui s’occupe des permis mais qu’il repassera peut-être à 17 h, nous revenons en vain à l’heure indiquée. Nous notons les horaires d’ouverture du bureau (9h30-13h et 15h-16h) pour ne pas louper notre coup le lendemain et nous apprêtons à transgresser ces règles mal fichues pour la soirée.

Retour au bord de l’étang, c’est à croire qu’ils se sont donnés le mot : la guardia civil inspecte le parcours à la recherche des braconniers (qu’on imagine fréquents au vu de la complexité d’obtention de la licencia). D’expérience je sais qu’il ne faut pas plaisanter avec la guardia

Cet après midi ça sera repérage… 4 tours d’étang plus tard nous avons localisé les postes d’une vingtaine de gros black bass. Il y a quelques vraies péniches dans le tas, nous estimons 3 poissons repérés au dessus des 3 kg… cervezas, bocadillos, préparation du matos, cervezas, cervezas, sac de couchage…

le lendemain matin on retourne au bureau officiel pour acquérir le précieux sésame. Le bureau d’obtention des permis n’ouvre qu’avec quelques dizaines de minutes de retard et il nous faut seulement une petite heure pour obtenir nos 3 bouts de cartons…en route pour l’office de tourisme.

Avec la licence de pêche on peut enfin se frotter aux blacks bass

Mala Suerte, notre amie a été remplacée par un nouveau garde qui nous fais payer le ticket à la journée au triple du tarif négocié la veille. Qu’à cela ne tienne, nous allons nous défouler sur les poissons. Premier lancer au water mocassin sous un ponton, deux blacks bass sont dans les starting blocs sur la trajectoire… caminendo el pero sur quelques mètres et c’est un troisième poisson qui m’intercepte, chandelle instantanée et expulsion du leurre à 3 mètres… la loi des séries continue. On s’enflamme un peu trop vite en se promettant une pêche merveilleuse, au bout d’une heure nous sommes toujours sans aucun poisson.

Au vu de nos performances on décide changer de technique, en mettant un bas de ligne plus souple. Bien que nous n’ayons pas aperçu un seul pêcheur en 24 h, il semble que nous ayons affaire à des blacks très méfiants. Petit à petit nous cernons la tactique à adopter, d’abord privilégier les leurres souples non plombés… nous mettons au sec nos premiers poissons. On remarque ensuite que les poissons attaquent de préférence les proies amorphes… dead sinking et stop and go nous font rentrer dans la partie, le choix de l’animation s’avère prépondérant.

Viennent ensuite le sens de prospection (parallèle au bord), la couleur (du water melon sombre au noir) et les effluves (vive les attractants)… à la fin de la journée nous pensons avoir trouvé ce que les pêcheurs de black bass nomment le patern (combinaison de facteurs communs aux prises réalisées et ligne directrice de la pêche à pratiquer). Au total on a du prendre une cinquantaine de poissons dont au moins la moitié durant la dernière heure, la nuit tombe, il est temps de rentrer.

Cervezas, bocadillos, cervezas… on sort les feutres de couleur. Les blacks bass veulent du foncé, on va leur en préparer. On se fait passer les feutres noir, marron et vert foncé… les 3 couleurs qui ont fait leurs preuves. Une trentaine de leurres souples y passent (hazedongs, slugs, x-layers, senkos, sagats…), demain on attaquera d’entrée avec ce qu’il faut.

8 h du mat, c’est reparti ! Cette fois nous entrons dans le bain tout de suite avec une dizaine de poissons pris a vue au hazedong posé sur le fond, ils n’y résistent pas. Dès lors on va arrêter de pêcher les petits pour se consacrer uniquement aux poissons corrects. Nous dédaignons ainsi la majorité des poissons repérés et nous attaquons uniquement aux poissons plus expérimentés.. . c’est moins facile mais nous y arrivons tout de même. Seuls les gros nous résistent et boudent complètement nos leurres. Nous affinons nos diamètres pour passer sur du 22 puis du 18 centièmes avec succès mais les poissons intéressants se montrent toujours aussi difficiles.

Comment pêcher le Black bass en espagne ?

C’est Erwan qui va nous sortir de l’impasse en allant ferrer un beau poisson repéré la veille au cœur d’un herbier quasi impêchable. Nouveau changement de technique, nous nous concentrons sur les postes compliqués donc peu pêchés (frondaisons, pontons, herbiers, nénuphars, bois morts…), ça devient un peu plus technique et c’est l’occasion de voir qu’on a encore pas mal de progrès à faire pour pêcher de la sorte. Pitching, Skipping and co ne sont pas parfaitement maîtrisés mais nous permettent néanmoins de tromper un paquet de black bass.

Les prises s’enchaînent et nous changeons de technique selon l’activité des carnassiers. Lorsque les poissons sont à poste on leur dépose un leurre souple devant la gueule, on attend de très longues secondes qu’il l’aspire et se retourne pour le ferrer. Au contraire lorsqu’ils passent en mode vadrouille on préfère des leurres plus vibratoires et odorants (le grub gulp en water melon a fait des ravages) qu’on lance au large d’un black bass repéré, récupération rapide pour intercepter sa trajectoire et si possible faire suivre 2 ou 3 de ses congénères afin de faire jouer la concurrence alimentaire. Dès que le leurre arrive dans la zone occupée par le black bass “élu” on s’arrête pour le laisser descendre sans l’animer (dead sinking), généralement la touche intervient dès que le leurre touche le fond. Au total on prendra ce jour là une cinquantaine de poissons chacun, petits pour la plupart (<35 cm). Néanmoins on arrivera à toucher une quinzaine de poissons corrects et Erwan en prendra un vraiment joli. Pour ce qui est des monstres repérés, quelques suivis tout au plus… mais on sait toujours où ils sont. A suivre !

On tente une sortie de pêche dans le delta de l’Ebre

Nouveau coup de fil à notre ami Philippe, l’eau est toujours marron mais il y a un peu de mieux. Du coup on décide d’aller faire un tour malgré les conditions et la qualité de l’eau. Arrivée à Amposta vers midi, cerveza en compagnie de Philippe qui nous donne les nouvelles (pas fameuses) de la zone. On prévoit un coup du soir axé sur le loup ensemble, en attendant c’est moi qui vais guider mes deux compères en les promenant sur les zones visitées l’année précédente avec Matthias. Après avoir pêché un herbier prometteur sans résultat on se décide à prospecter les anses, bordures et bras secondaires où l’on espère trouver une eau un peu moins chargée… c’est parti pour une petite visite des bordures au poisson nageur (ça fait du bien de mouliner un peu). Un joli black bass se saisit très vite de mon water mocassin dès l’impact au ras des frondaisons, j’enchaîne avec un petit et c’est au tour d’Erwan, qui a choisi l’option crankbait, de faire plier le carbone.

Nous les avons trouvés mais le spot est très localisé et nous n’en prendrons qu’un seul de plus. Sur le retour nous croisons quelques équipages anglais et allemands, à les croire on peut vraiment être contents de notre pêche, ça fait plusieurs jours qu’ils font chou blanc. Retour à Amposta, Philippe sort le bass boat et j’embarque avec lui tandis que Ju et Erwan nous suivent avec la coque alu, 20 mn de route vers l’amont en direction d’un herbier où l’on voit quelques chasses… Je vais y rater un loup à l’attaque et Ju en décrochera un autre… pas de quoi pavoiser. La nuit tombe déjà. Camping sauvage près d’un parre-terre de fleurs (rares dans la région) et micro session le lendemain matin, nous sommes chassés par un orage menaçant (bien plus fréquents que les fleurs) et prenons la route du retour avec un peu d’amertume. Mais c’est dit, on y reviendra !